Ma pratique artistique actuelle s’exprime autour d’une approche in-situ de l’art de l’installation qui illustre la relation perceptive humaine avec la nature et manifeste une attention aux actions de l’environnement naturel. Ma recherche explore les notions de responsabilité ou d’intrication, de permanence ou d’éphémère, de perception ou de réalisme.

La céramique incarne l’eau, la terre, le feu et l’air dans chacune de ses étapes de transformation. J’explore ces aspects séparément, en leur laissant du temps et de l’espace pour agir ; d’observer plus tard la relation qui se manifeste entre l’eau et l’argile par exemple. J’utilise des matériaux naturels qui sont soit exploités soit modifiés par l’humain, comme le kaolin, la cire d’abeille, le bois ou le sel. Le processus additif d’une matière étrangère à un environnement naturel exige un équilibre. La limite est fragile sur ce que l’on peut ajouter sans détruire l’écosystème. Mes actions insertives interrogent la relation entre le non-humain et l’humain, mettant en avant l’illustration du cycle.

Je m’intéresse à la façon dont mes marques disparaissent, exposant l’interaction délibérée avec le temps. Mon intervention dans la nature se passe en temps réel et les installations qui en découlent ne subissent quasiment aucun travail de post-production. Mon défi est de trouver des moyens de créer et de partager mes expériences avec un impact minimal sur l’environnement. Mon œuvre se matérialise à travers la performance,  la vidéo, la sculpture, le son et l’installation.

Je vois mon geste comme un dessin. J’utilise le dessin comme langage visuel pour créer des lignes qui fonctionnent comme une découpe dans l’espace. En effaçant l’horizon, ou en travaillant près du sol, ou en excluant mon corps de la composition, une dislocation se produit. Le sens du lieu est enlevé, laissant place à la matière et aux éléments naturels pour devenir les acteurs. J’utilise une esthétique minimaliste pour distiller le sens à son essentiel et encourager l’observation.

J’examine les fondements conceptuels de la diffraction pour explorer un type d’art qui existe à la limite où les gestes artistiques, les éléments naturels et les matières se définissent mutuellement. J’utilise ce concept comme méthode pour dissoudre les frontières accentuant ainsi les aspects générateurs et la résilience des formes matérielles avec lesquelles les acteurs sociaux interagissent. J’explore la relation entre le percepteur et le perçu et réfléchis à la façon dont mon installation peut créer un moment où les éléments naturels et l’expérience humaine sont entrelacés, où la responsabilité et l’attachement coexistent, et où s’incarner entraîne la disparition.